Le Quotidien d'Oran Mercredi 22/01/2003 P 02 - Oualid Ammar. |
Le docteur Mohamed amine Debaghine, 86 ans, est décédé, dans la nuit de lundi, des suites d'une attaque cérébrale. Son engagement politique remonte à 1939 lorsqu'il devient militant du Parti du peuple algérien (PPA). L'historien Mohamed Harbi rapporte qu'il a "refusé de porter les armes au cours de la seconde Guerre Mondiale, tout en affirmant son hostilité au nazisme". Entre 1946 et 1951, il est député à l'Assemblée nationale française où il défend les idées nationalistes. Il est sollicité en 1954, indique Mohamed Harbi, "pour prendre la tête du parti de l'insurrection", mais "il déclinera cette offre', tout en s'intégrant dans le groupe des partisans de la lutte armée. Médecin établi à EI-Eulma (ex-Saint Arnaud), il est arrêté puis libéré avant de se voir confier la direction de la délégation extérieure de la Révolution. Il devient membre du Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) en 1956, et du Comité de coordination et d'exécution (CCE) en 1957. Il est le premier ministre des Affaires étrangères du CNRA (1958-59). Ami de Abane Ramdane, il verra son autorité contestée par Ben Bella et Boudiaf, note Mohamed Harbi. Dans "Les archives de la Révolution algérienne" (1981-Editions Jeune Afrique), recueil de documents réalisé par Mohamed Harbi, Ahmed Ben Bella affiche clairement son hostilité à l'égard du Dr Debaghine en avril 1958.Plusieurs mois, plus tard, fin 1959, ce militant nationaliste de la première heure est écarté du CNRA. Depuis il n'a plus assumé de responsabilité dans la conduite des affaires du mouvement national. Il s'est retiré et il est resté silencieux. JI n'a participé, ni de près, ni de loin à la course au pouvoir. Abdelhamid Mehri, un de ses anciens compagnons au MTLD-PPA entre autres, témoigne. "C'est un pionnier du nationalisme algérien, un homme intègre, perspicace, d'une abnégation exemplaire. Il a été pour beaucoup dans la naissance des Amis du manifeste de la liberté (AML). Pour lui, qui était très exigeant au plan éthique, tout ce que fait un militant c'est pour le pays et Dieu. Pas pour se faire valoir. Avec lui, disparaît une mémoire qui a couvert toute l'histoire de l'après-deuxième Guerre Mondiale". Pourquoi refusait-il de s'exprimer? "Il n'aimait pas employer le "je", presque inhérent à tout témoignage historique...", explique en substance Abdelhamid Mehri. Un humble s'en est allé. |