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Napoléon III à Miliana

Durant son voyage effectué en Algérie du 03 mai au 07 juin 1865, l’Empereur Napoléon III (1808 -1873) , avait visité plusieurs villes et villages de la plaine du Chéliff. Dès le 07 mai, soit quatre jours après son arrivée, il se rendit à Miliana, puis deux semaines après (le 21 mai), il est à Relizane. Durant tout son périple, il n’avait pas visiter la capitale de la plaine « Orléansville », ce qui amena à l'époque le conseil municipal de la ville à se réunir extraordinairement pour protester dans une délibération contre cet oubli volontaire.

L’empereur Napoléon III à Miliana

________________________

Voyage de S.M Napoléon III en Algérie - Alger, Bastide, Libraire Editeur - Juillet 1865 - pp. 82 à 90 -

Dimanche 07 mai 1865 - 5heures ½ du soir .

A mesure que l'on se rapprochait de Miliana, à la population européenne, plus clair-semée, venaient s'ajouter des flots plus pressés d'Arabes, auxquels l’Empereur a prodigué ces mêmes marques d’intérêts qui ont rendu son nom si cher à nos populations de toute origine.

Chemin faisant, il a daigné décorer, en présence d’un grand nombre d’indigènes, le caïd Tahar, ancien officier de spahis, dont il a voulu récompenser ainsi les anciens services et la fidélité.

A la hauteur de Vesoul-Benian (1), la route dans les capricieux méandres qu’elle décrit à travers ravins et montagnes, laisse sur sa droite ce village pittoresque, aux blanches maisons, entourées de belles plantations, et si coquettement accrochées au flanc d’un large mamelon, dont le regard aperçoit de loin la luxuriante végétation.

Vesoul Benian, dont les habitants s'adonnent avec un succès remarquable à la culture de la vigne, à la production des céréales et à l'élève du bétail, représente, sur une échelle restreinte, la réalisation pratique d'une idée déjà ancienne, et qu'on a voulu systématiser, celle des villages départementaux. Les habitants, qui, on le sait, empruntent leur nom au chef-lieu du département dont ils sont originaires, étaient tous accourus sur la roule, où ils avaient dressé un arc de triomphe d'un caractère rustique, mais dont la décoration ne laissait rien à désirer, sous le rapport du bon goût.

A peine arrivée parmi eux et saluée avec enthousiasme des cris de Vive l’Empereur ! Vive l'Impératrice ! Vive le Prince Impérial ! Sa Majesté a daigné s'entretenir de leurs intérêts et de leurs besoins avec les autorités municipales ; puis, après avoir reçu de leurs mains quelques pétitions, Elle a repris sa route, suivie de leurs acclamations, et elle arrivait vers 5 heures ½ du soir, à Miliana (2), - Miliana, la ville aux mille ruisseaux, » que Marie Lefèvre, le poète de l'Algérie, nous représente

« S'endormant à leur frais murmure, Suspendue, an loin dans les airs, « Sur des abîmes de verdure, « Comme un cap sur les vastes mers… »

Plusieurs arcs de triomphe avaient été dressés, par les soins de la municipalité, pour rendre hommage au Souverain dont la visite était si impatiemment attendue.

Tous les habitants de Miliana et de la banlieue, parmi lesquels les indigènes comptent à peu près pour les deux tiers, s'étaient donné rendez-vous aux portes de la ville. L'arrivée de l'Empereur a été saluée par une immense acclamation, dont les échos du Zakkar ont longtemps retenti.

M. Martin, Maire de Miliana, entouré de son Conseil municipal, a complimenté sa Majesté en ces termes : SIRE,

«En vous remettant clefs de la ville, je me sens saisi d’un sentiment de fierté, dont le souvenir restera à jamais fixé dans ma mémoire.

«Vous avez parcouru nos contrées, Sire, et vos regards se sont reposés sur des vallées dont la végétation, d’une richesse presque sans égale, laisse encore les terres, en trop grande quantité, étrangères à la culture, et principalement à la culture industrielle; mais bientôt, lorsque les chemins de fer; dont Votre Majesté a doté l'Algérie, sillonneront notre beau pays, tout changera d'aspect comme par enchantement ; alors les capitalistes n'hésiteront plus à envoyer leurs fonds, les bras qui nous manquent, viendront faire surgir, du sein fécond de nos terres, les riches trésors qui y sont encore enfouis.

« Le voyage de Votre Auguste Majesté, Sire, que nous n’avons jusqu’ici envisagé que comme un rêve, vient de réaliser notre vœu le plus cher, en ranimant notre courage.

« Les Egyptiens disaient : « Napoléon 1er est l’élu de Dieu sur la terre » - Nous, Sire, nous ajouterons : « Napoléon III est notre providence. ». Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice ! Vive le Prince Impérial!

L'Empereur s'est ensuite rendu à l'hôtel de la subdivision, accompagné des vivats enthousiastes des Européens et des Indigènes qui se pressaient sur ses pas.

Au moment où il arrivait en face de l’arc de Triomphe érigé sur la place principale la ville, un groupe de femmes israélites, mêlées à la foule, et revêtues de leur riche costume du brocard, plastronné d'or, ont joint la note aiguë de leur youyou admiratif, au concert d'acclamations qui s'échappait de tous les rangs.

La réception des autorités civiles et militaires a eu lieu immédiatement à l’hôtel de la subdivision. Sa Majesté, en recevant la communauté israélite a daigné entendre de la bouche de M. Moatti, un discours dans lequel se trouvait formulé un vœu relatif à la question de la naturalisation des israélites indigènes.

L’Empereur a ensuite parcouru les principales rues de la ville, et, après avoir visité le délicieux jardin du Cercle, Il est descendu jusqu'aux remparts, d'où il a vu se dérouler, sous ses yeux, le splendide panorama des jardins de la banlieue et de cette immense plaine du Chélif, dont la continuation du chemin de fer est appelée à décupler bientôt la production, déjà si considérable.

Le soir, la ville entière était brillamment illuminée; le jardin du Cercle, notamment, présentait un coup d'œil féerique, et un feu d'artifice, tiré par t'artillerie, venait ajouter a l'éclat de cette soirée qui laissera, dans tous les esprits, une vive et durable impression.

Une cantate de circonstance (3) a été chantée sous le balcon de Sa Majesté et a été terminée aux cris répétés de Vive l'Empereur ! Vive l’Impératrice! Vive le Prince Impérial !

Le lendemain, à huit heures, I'Empereur, après avoir daigné recevoir un grand nombre de pétitions qui lui étaient remises, principalement par les indigènes accourus en foule pour le voir, a repris la route, où il faisait sa rentrée le même jour à cinq heures.

Avant de quitter Miliana, Sa Majesté a fait appeler M. le Maire et la prié d'être, auprès de la population, l'interprète de sa satisfaction pour le bon accueil qu'Elle en a reçu.

« Votre ville est charmante, et certainement, a-t-Elle ajouté en terminant, Je reviendrai la visiter. »

Puis, Sa Majesté a remis au Maire un billet de banque de 1,000 francs, en lui disant : « Prenez ceci pour la Société de Secours mutuels, c'est la meilleure manière de donner aux pauvres. »

Après son départ de S. M. l'Empereur de Miliana, le maire de cette ville a fait publier la proclamation suivante :

« Chers Concitoyens.

« Notre plus beau désir s'est réalisé: Sa Majesté l'Empereur est venu visiter nos contrées, et ses impressions, je puis le dire, ont été des plus favorables pour notre riche et fertile sol. Aussi, en quittant notre ville, m'a-t-il chargé de vous témoigner sa satisfaction de la réception que vous Luis avez faite, et son intention de s'occuper des intérêts de Miliana.

« Nous étions déjà dévoués par conviction à la dynastie de notre Souverain; aujourd'hui, nous le serons encore davantage, par le sentiment de la plus vive reconnaissance.

« Répétons-donc, comme nous l'avons déjà fait mille et mille fois pendant le trop court séjour de Sa Majesté à Miliana.

« Vive t'Empereur !!! Vive l'Impératrice !!! Vive le Prince Impérial !!! »

Le Maire de Miliana

« MARTIN»

NOTES:

- (1) VESOUL-BENIAN (aujourd'hui Aïn Benian -ndl -). - Chef-lieu de commune, à 97 kilomètres d’Alger et 20 kilomètres de Miliana, comptait environ 250 habitants, tous originaires du département de la Haute-Saône. La culture de la vigne et des céréales, et l'élève du bétail ont enrichi, ou tout au moins placé dans l'aisance, la plupart des habitants de Vesoul-Benian. La création de ce centre constitue l'essai le plus sérieux qui ait été fait du système dit des Villages départementaux. Bou-Medfa, village annexe de Vesoul-Benian, compte 220 habitants.

- (2) MILIANA - Chef-lieu d'arrondissement et de subdivision militaire, à 120 kilomètres d’Alger. - Population européenne, 1,500 ; indigènes 1,350. - A 900 mètres au dessus du niveau de la mer, le sommet du Zakkar domine la ville de 600 mètres. Miliana est ville à la physionomie toute française, ombragée de magnifiques plantations de platanes et de peupliers, sillonnée d’eaux courantes qui entretiennent partout la fraîcheur et une abondante végétation. La banlieue offre de délicieuses promenades, égayées par de nombreuses cascades. - Cultures variées, jardins maraîchers, arbres fruitiers de toute nature; industries florissantes, spécialement la minoterie ; gisements miniers d'une grande importance. De Miliana même, on jouit d'une vue panoramique admirable. La plaine fertile du Chélif s'ouvre à quelques kilomètres de la ville. A 24 kilomètres de Miliana, se trouvent les eaux minérales et thermales de Hammam-Rira (Acqua calida des Romains), dont les qualités bienfaisantes, dans une foule d'affections, sont justement renommées.

- (3) Paroles de M. Félieu.

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