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- 1980 - La ville anéantie

Logo Paris Match - 1980

Reportage de Jean- François Chaigneau / Marie-France Saurat / Patrick Jarnoux / Michel Le Tac

LA VILLE ANEANTIE

El-Asnam, l'ancienne Orléansville , les pendules se sont arrêtées vendredi à 13 h 30. Ce vendredi, jour de repos des Musulmans, c’était l’heure de la prière, à la mosquée. L’heure aussi de rafraîchir dans les cafés de la place du marché. La télévision allait commencer ses programmes de retransmission des matches de football. Au centre para- médical, 300 jeunes élèves terminaient leurs déjeuner… C’est beaucoup plus tard que les survivants se rappelleront avoir entendu les chiens hurler à la mort et constaté la disparition totale des oiseaux, dix minutes avant le séisme. La secousse, accompagnée d’un terrible grondement, a duré quinze secondes. Quinze secondes pendant lesquelles toute une population a fui l’enfer de ces maisons qui s’écroulaient par quartiers entiers. Les mères tentaient de saisir leurs enfants pour se précipiter avec eux dans la rue. Beaucoup n’en ont pas eu le temps. Les murs de toute une ville se sont abattus sur des milliers de personnes.

Aussitôt, médecins, infirmiers, conducteurs d’engins et simples particuliers se sont portés en masse pour participer au sauvetage et à l’accueil des sinistrés. Le gouvernement a mis en place immédiatement un impressionnant dispositif de secours. Des convois d’ambulances, de matériels de travaux publics, ont commencé à sillonner les axes menant à la zone du séisme depuis Alger et Oran. Certains survivants avaient déjà échappé à un premier tremblement de terre en 1954. On avait déploré 1 300 victimes.

Une cité rasée où personne ne veut revenir

El-Asnam, si fière de son titre de ville la plus neuve d’Algérie - elle avait presque entièrement été reconstruite après 1954 et comptait avant le drame 120 000 habitants - est devenue une cité martyre, inhabitable à cent pour cent. Des immeubles entiers se sont écroulés, dans un horrible enchevêtrement de béton et de ferraille, d’autres maisons sont encore debout, mais fissurées, inutilisables. Ce sont les constructions récentes qui ont le moins bien résisté, même celles édifiées selon les normes antisismiques.

Le siège de la wilaya, le palais de justice, le nouvel hôpital, le commissariat de police se sont effondrés ainsi que l’hôtel Cheliff, ultramoderne et l’hôtel Baudoin, déjà rasé en 1954. Le marché couvert, la cité Hai Nasr où vivait 3 000 habitants, le seul immeuble de cinq étages d’El-Asnam, les Galeries algériennes, le centre paramédical ne sont plus q’un amas de ruines sous lequel sont ensevelies des centaines de victimes.

Tous les habitants d’El-Asnam et des environs, où la terre continue de trembler, vivent maintenant sous la tente ou en plein air. Dans la ville privée d’eau, d’électricité et de toutes ressources, l’armée distribue des vivres deux fois par jour. Du pain, du lait, du raisin et de l’eau minérale Saïda. Le premier choc passé, et sans attendre la décision qui sera prise par le gouvernement algérien, les habitants sont unanimes : « Jamais, disent-ils, nous ne reviendrons habiter ici. El-Asnam sera désormais une ville fantôme. »

Une miraculée dans la maison qui a écrasé sa famille

Samedi, 15 heures. Un peu plus de vingt-quatre heures après le séisme, une équipe de pompiers alertés par les chiens, découvre dans les décombres d’un immeuble de la rue des Martyrs une petite fille encore vivante. Elle souffre de blessures aux jambes. Tandis qu’on la transporte au lycée Es Salem, transformé en centre des soins immédiats, les pompiers continuent à creuser. Hélas, le frère et la mère de l’enfant, qu’ils parviennent à déterrer l’un après l’autre sont morts. Dans toute la ville, des scènes semblables se produisent, des mères, des pères hagards, cherchent leurs enfants. « Mon fils et mon fille jouaient ici quand ça s’est produit » dit l’un d’eux en montrant le toit d’un immeuble des trois étages qui est venu s’imbriquer dans une voiture. ….les sauveteurs ont réussit après des heures d’efforts….la voiture, il était trop… emmurés vivant, qui… pas trop gravement tout ont, selon les médecins, une semaine de chance de survie… suite, il faudra se résigner, dégager au bulldozer…moment-là seulement … El -Asnam pourra compter ses morts.

On n’a pas le temps d’identifier les morts

Deux jours après la catastrophe, 1 500 cadavres avaient été dégagés des décombres. Beaucoup d’entre eux n’ont pu être identifiés, ils étaient méconnaissables. Si aucun parent ne vient les réclamer, ils sont transportés à l’extérieur de la ville et enterrés dans des fosses communes. Les blessés sont dirigés immédiatement dans l’un des trois centres d’urgence installés dans la caserne, le stade et le lycée, ils y reçoivent les premiers soins avant d’être évacués vers les grands centres hospitaliers du pays, Alger, Oran et Miliana. Pour être dégagés, deux rescapés ont dû être amputés sur place, l’un des deux jambes, l’autre d’un bras.

Mais beaucoup n’ont même pas cette « chance » et restent des heures gémir avant de succomber. Ecrasé sous les décombres - du marché couvert - un homme, le bassin écrasé par une poutre de béton a hurlé pendant vingt- quatre heures. Lorsqu’on a enfin réussi à l’atteindre, il était mort. Trente-six heures après l’écroulement de la ville, les chiens des brigades spécialisées de sapeurs-pompiers de Brignolles et de Paris, sont parvenus à détecter des survivants emmurés sous des tonnes de gravats. Cinq d’entre eux ont pu être dégagés. Mais le plus souvent, les chiens ne repèrent malheureusement plus la présence, de cadavres.

Les corps enroulés dans des couvertures sont déposés au fond de la fosse, puis aspergés de chaux vive et recouverts par deux mètres de terre. La cérémonie ne dure que quelques secondes : il faut faire vite à cause des risques d’épidémies.

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