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Cheliff, grenier de l'Afrique

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II- Aspects géologiques et climatologiques (2ème partie)

GENEALOGIE D’UNE NATION

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TRIBUS ET MODE DE VIE DANS LA VALLEE DU CHELIFF

2ème partie

Par Boudjemaâ Haichour

Quelques années plus tard, le frère de Firmus, Gildon, reprit la guerre d’indépendance avec l’appui des donatistes (396-398 ap J-C) vinrent les Vandales qui détruisirent les cités en empruntant la voie du Cheliff.

Après l’effondrement de l’autorité romaine et plusieurs siècles avant El Foutouhat, l’établissement de nouvelles populations va avoir pour conséquence un mode de vie différent d’occupation du sol avec une transformation des genres de vie.

La géographie explique dans quel sens se firent les migrations. Voie de passage essentielle, la vallée du Cheliff attira de forts contingents d’habitants. Il est certain tout d’abord qu’en période de troubles, le refoulement des populations de la plaine vers la montagne n’est pas le seul courant démographique à envisager. Mais l’histoire de la région ne comporte pas uniquement des siècles d’insécurité. Elle a connu aussi des moments de prospérité. L’argument décisif, nous le trouvons dans la composition même des tribus où l’élément montagnard tient souvent une très grande place. Le douar de Sidi Ameur dans les Ouled Abbès est originaire de Mazouna.

Chez les Abid (à l’ouest), on rencontre les Braz, les Beni Ouazan et les Chouchaoua (de l’Ouarsenis). Les Beni Menasser étaient établis chez les Arib et possédèrent un tiers du territoire de la tribu.

Dans la tribu de Djendel, les Doui Hassim et les Ouled Amran Chenlet El Hadj cultuvaient une partie des terres depuis le XVIIIème siècle, appelés par les familles du Djendel qui étaient décimées par une épidémie.

Chez les Ouled Kosseïr, on rencontre un grand nombre de propriétaires appartenant aux Medjadja et dont la présence a soulevé à l’époque des difficultés de cantonnement, mais encore dans la tribu même on relève d’autres telles :

• Les Ouled Khadra, originaires des Hachem Ghris (haute noblesse de la région de Mascara) ; • Les Ouled Cheffa, originaires de Beni Tigrin ; • Les Djaïd, originaires des Beni Keraïche ; • Les Cheurfa Ouled Sidi Lazreg, originaires des Flittas (Ouarsenis occidental) ; • Les Dekakcha, descendants de Ben Dekkech, ancien seigneur des Mehal ayant commandé le bas Cheliff ; • Les Chetahi, originaires des Sendjes (Ouarsenis, au sud de Cheliff) ; • Les Habaïr, originaires des Baghdoura (Dahra, nord-ouest Cheliff) ; • Meraïria et Houanoui originaires des Sbeah (Oued Chlef) ; • Les Zebadja-Mouafkia, les Roumilia, les Athmenia, originaires des Ouled Chérif (Tiaret) ; • El Hadar, originaires de Mazouna (Dahra Oranais) ; • Merouania, originaires des Beni Merzoug (Sud-ouest de Ténès) ; • Ouled Hamdane, originaires des Medjeha (région de Mostaganem) ; • Les brehah, originaires des Ouled Riah (Dahra occidental) ; • Les Ouled Sidi Youcef, descendants des marabouts de ce nom ; • Les Ouled Sidi Ahmed Ben Abdellah, venus de Medjadja, liés familialement aux Ouled Sidi Macout El Hammam et les Hathah du Sahara ; • Les Beni Zidja issus des Heumis (entre Chlef et Ténès)

Ainsi dix-huit tribus, dont une douzaine sont originaires des régions montagneuses

L’entrée des Fatihin

Longtemps encore, la première entrée des Arabes, les Sanhadja dominent la région. A partir du VIIIème siècle, apparaissent les premiers Maghrawa, appartenant au groupe des Zenata et qui, menant une vie nomade, firent de la vallée de Chlef leur terre de parcours, ils devinrent les soutiens des Omeyades d’Espagne contre les Fatimides. A la fin du Xème siècle, les Maghrawa sont vaincus en partie dispersés vers l’ouest.

Les Akerma est venu des Flittas au XVIe siècle.

Les Ouled Riah amenés par les Hillaliens s’établirent au nord de Tlemcen puis redescendirent vers les plaines du Cheliff. Ainsi, pou imaginer le brassage de toutes ces tribus, il faut se rappeler l’histoire de cette grande vallée du Cheliff. Dès le XIe siècle, cette région a été le couloir de circulation entre les dynasties arabes de l’est dont les armées marchèrent à la rencontre les unes des autres, se heurtant sur les bords du Cheliff. Pendant plus d’un siècle, la vallée retentissait au fracas des combats entre les Abdelwadides et les Zenata du Cheliff. Ces derniers fuyèrent vers les montagnes plutôt que de se soumettre, mais surent en redescendre pour pendre part aux rivalités entre Zianides (ou Abdelwadides) et Mérinides compliquées par les interventions des Hafsides et les révoltent locales.

….XIVème siècle que s’installèrent les Attaf en 1348 où nous les trouvons avec les Mérinides contre les Abdelwadides, mais une dizaine d’années plus tard, ils rallièrent les Abdelwadides et quand la fortune leur fit défaut, comme en 1376, ils s’enfuyèrent au Sahara.

Même avec l’arrive des Turcs, la vallée resta instable au XVI ème siècle. L’an 1701, des combats ente Turcs et Marocains eurent lieu sur la Djidiouia où succomba l’armée du sultan Moulay Ismail. Les Turcs ont toujours déplacé les tribus pour s’assurer la domination dans le pays. Ils eurent, comme les Français, l’art de diviser pour régner et surent toujours opposer savamment ceux qui pouvaient les menacer.

Aussi, les Beni Ahmed avaient été constitués en tribus Makhzan pour empêcher les tribus du sud d’envahir la plaine orientale du Cheliff. Ils renouèrent les relations avec les tribus Mellah, Djenas, Chorfa de la vallée du Nahr-Ouassel conte lesquelles ils avaient été appelés. Les Turcs leur donnèrent pour voisins et pour surveillants les Ouled Sida, d’origine berbère du sud qu’ils rattachèrent aux Beni Fathem.

On ne peut pas s’étonner dans ces conditions du caractère hétérogène des tribus de la vallée. Durant des siècles, il y a eu brassage des populations. En fait, c’est à une histoire extrêmement troublée qui fit des plaines du Cheliff un creuset où s’est soudée une population que le hasard des migrations et des combats avait rapprochée lorsque ce n’était pas la volonté d’un homme comme pour les Ouled Kosseïr.

Ethnologie et mode de vie Chélifien

Les Fatihines ont apporté un bouleversement dans le genre de vie de la vallée. Mais on ne peut ramener l’évolution de cette région à un simple diptyque en opposant la vie sédentaire avec ses cultures et ses villes à la vie nomade avec ses troupeaux et ses tentes, non seulement parce que le nomadisme est bien antérieur à la venue des Arabes, mais aussi parce que l’évolution présente plus de complexité qu’on le pensait. Il y a eu renaissance à partir du IXème siècle dans tout le Maghreb. On ne sait pas grand-chose sur la période de domination romaine et qui correspond à l’invasion vandale, de l’occupation byzantine à la première conquête arabe, et à l’agitation kharidjite. Les plaines du Chéliff connurent alors quatre siècles de troubles pendant lesquels les cités se dépeuplèrent et disparurent. Sur les sites où vécurent citoyens de Tigava Municipium et de Castellum Tingitanum, des pans de murs et de colonnes dressèrent vers le ciel les vestiges d’une splendeur passée et comme s’ils sentaient qu’il y avait de pierres qui ont qualifié la région d’El Asnam (les statues). Ces lieux qui avaient contribués à faire de la terre d’Afrique « l’ornement de toute la terre, speciositateur totius terrea (citation empruntée à « l’histoire d’Algérie » de Gsell, Marçais et Yver. P.71).

A quoi attribuer cette catastrophe bien antérieure à la grande arrivée des Hilal et Solaïm ? Peut-être à la révolte du prolétariat des grandes fermes romaines, à l’insurrection des chefs berbères et aux incursions dévastatrices des montagnards et peut-être des Maghaoua d’origine zénatienne qui ont un mépris pour les villes polluantes et dégradantes des sédentaires.

Mais la vallée du Cheliff a eu une grande renaissance comme le note El Yagoubi au IX ème siècles, « terrains de culture qui entourent la ville de Khadra », et dans la seconde moitié du Xème siècle, Ibn Hawqal énumère « la richesse en fruits, et en céréales de Yelel (ou Ilel sur l’Hillil), les terrains cultivés et les arbres du Cheliff et les nombreux jardins de Benou Oueriken ».

El Bekri trouva encore les environs d’El Khadra « couverts de jardins » et, un siècle plus- tard, El Idrissi décrit : « Cette petite ville fortifiée su le bord du ruisseau au travers des champs cultivés et de vergers ». C’est sans doute à cette époque que fut rétabli, au moins partiellement, l’ancien système d’irrigation de Mina.

El Yagoubi cite que la ville d’El Khadra a de nombreuses forteresses et est qualifiée de ville célèbre à vocation commerciale. Ces deux villes étaient aux mains des Alides, descendants du Prophète par Sidna Ali, il s’agit, en fait, de la descendance de Soleïman, frère d’Idriss, venue de Tlemcen.

Ces progrès de vie sédentaire ne semblent guère se poursuivre après le XII ème siècle avant même l’arrivée des grandes tribus arabes. La vallée du Cheliff devait connaître de nouveaux bouleversements.

En 1839 on note les tribus suivantes : les Djendel, les Hachem, les Arib, les Beni Boukni, les Ouled Aïssa, Ouled Yahia, El Harrar, El Attaf, Ouled Kosseïr, Ouled El Abbès, Ouled Khouidem, Akerma chéraga, Ouled Sidi Abdellah, Ouled Ahmed Mehal, Ouled Souid, Sahari.

On ne peut pas dire que les plaines du Cheliff étaient alors entièrement livrées aux nomades qui payaient un droit aux Turcs appelés « Lussa » pour accéder au tell.

Une véritable vie citadine s’organisait. La propriété est concentrée comme dans les régions du pays entre les mains de quelques familles qui ont servi les Turcs. Des actes de propriété, avec concession, leur seront donnés à titre gratuit. Chez les Ouled Farès, des privilèges d’origine noble, chez les Ouled Sidi Bou Abdellah (ou Sidi El Aribi). Il leur donna le droit par l’influence qu’ils exerçaient sur les habitants. Dans cette région où le Melk dominait, peut-on parler de propriété collective ? Il est certain que chaque tribu avait un droit exclusif sur un territoire déterminé. Il faut attende le sénatus-consulte pour distinguer le Melk du domaine public et du bien domanial.

L’administration Française héritera de l’ensemble des droits du beylik bien limités dans toute la région allant du Djebel Doui aux collines des Beni Rached. Alors que dans la ville de Chlef où se trouvait la puissante tribu des Ouled Kosseïr, la situation est tout autre.

La chute du gouvernement turc d’Alger fut suivie dans le Cheliff par l’organisation de l’Etat Abdelkader dont les tribus Hacham de Mascara seront le sujet de notre prochaine étude. Les laines du Cheliff constitueront un axe de communication essentiel dans la résistance anti- coloniale que mènera l’Emir Abdelkader.

On peut conclure que la vallée du Cheliff a connu de grandes transformations qui ont été nécessairement accompagnées de modifications profondes dans la structure sociales de ses habitants.

Comme pour les autres régions, une aristocratie foncière formée par les dons et les concessions des Turcs pour services rendus gravira les échelons sociaux par la fortune acquise au prix de soutiens, services et alliances, et le niveau de vie résultera de la conjonction de trois phénomènes étroitement liés ; l’importance de la production, le système de répartition du revenu et la situation démographique.

Telle est brièvement la généalogie tribale chélifienne dans toute l’osmose de la nation algérienne pétrifiée dans les sources lointaines d’une histoire millénaire et riche d’évènements qui lui ont donné un certificat de naissance plusieurs fois millénaire dans l’histoire universelle.

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Bibliographie :

- « commune mixte du Chéliff : enquêtes sur les différents douars » 1935- Réalisation par l’administrateur M.Kas

- « Souvenirs d’Algérie : notes sur Orléansville et Ténès ».

- « La colonisation des plaines du Chéliff » par Xavier Yacono-Imprimerie Imbert –Alger 1955 – Toms 1 et 2.

- « El Mili Moubarek Ben Mohamed Hilali : histoire d’Algérie de l’Antiquité à nos jours ».

- R. Tinton : « les aspects physiques du tell oranais ».

- Revue africaine : 1856. pp 335-345, pp 428-440, pp 182 -183.

- Revue archéologique 1847, pp 653-669.

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