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Orléansville - Naissance et destruction d’une ville

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Orléansville - Naissance et destruction d’une ville

Naissance et destruction d’une ville

Sa résurrection

René Yves Debia* Editions Baconnier Alger (1955)

Le 23 avril 1843, à l'aube d'une journée qui s'annonçait magnifique, une colonne de six bataillons de marche et de trois cents cavaliers, ayant à leur tête le Maréchal Bugeaud, Gouverneur Général de l'Algérie, quittait Miliana pour descendre la Vallée du Chéliff, L’expédition était accompagnée de cent vingt de ces voitures à deux roues appelées «araba » et de près de quatre cents mulets chargés de tentes, de vivres, de bois et d’ustensiles de toutes sortes

Sur les pentes du mont Zaccar, cela faisait une file interminable dont la tête était déjà dans la plaine alors que l’arrière garde ne s'était pas encore mise en branle. Les pluies, cet hiver-là, avaient été suffisantes ; la terre était encore molle et couverte sur les hauteurs de diss ; de cistes, et de lentisques, de pins et d’oliviers sauvages qui faisaient à la montagne une parure resplendissante dans le ciel clair.

Mais bientôt une terre lourde, rouge, semée de touffes innombrables de hautes asphodèles, d'oignons sauvage et de palmiers nains, vint remplacer ce maquis épineux : toute la colonne s'était engagée dans la vallée du Chéliff dont elle suivait le cours sinueux et jaune, se dirigeant vers le Moghreb, l’Occident.

A cette époque, la vallée du Chéliff était presqu’entièrement inculte et inhabitée. Aussi loin que s’étendit la vue, on n’y voyait aucune demeure, aucun village. C’est ce qui a fait écrire au Colonel de Saint-Arnaud que c’était «un grand désert » (1). Pourtant chaque année, au printemps après avoir été pendant l’hiver un……, une plaine balayée par les vents, avant de redevenir chaque été le royaume brûlé de la soif et de la désolation à l’atmosphère surchauffée, irrespirable, ce désert se métamorphosait pendant trois mois. Brusquement, il se transformait en un tapis de verdure émaillé de fleurs, et sur les bords de l’oued, sous les hautes berges, éclataient des buissons d’aloès, de tamaris et de jujubiers qui étaient le séjour préféré des vanneaux et des bécassines. La plaine s'animait et se clairsemait de tentes ; elle devenait le lieu de passage de tribus qui remontaient du sud, quelquefois comme les Arbaa, de très loin ; les habitants des montagnes voisines y descendaient eux-mêmes aussi bien pour y faire paître leurs troupeaux ; pour s'y employer comme «khammes » ou comme «mekariin »(2), que pour y attendre les récoltes de quelques champs (3) et que pour commercer avec les nomades.

Ceux-ci apportaient du sud dans le Tell, du sel, des dattes, des moutons et surtout une grande variété de tissus de laine, de poil de chèvres ou de chameaux : haïk, zorbia, tellis ou amara, et, en échange, ils faisaient des moissons de gros achats de blé et d’orge. Leurs chameaux repartaient engraissés, mais chargés comme ils étaient venus.

(1)« Un désert dans le grand désert de la plaine », écrivait d’Orléansville, en 1843, le Colonel de Saint-Arnaud. Mais le Maréchal Bugeaud, qui avait déjà traversé la région au printemps de 1842, avait écrit au Ministre de la Guerre que cette vallée était «comparable aux plus belles parties de la vallée de la Loire, de la Garonne et de la Seine et serait, dans un demi-siècle, l’un des plus beaux pays du monde ».

(2) Serviteurs ou moissonneurs.

(3) Dans toute l’Algérie, les indigènes ensemençaient 900.000hectares en 1856 ; ils en emblavent aujourd’hui en moyenne 2.500.000. Dans la région d’Orléansville, ils ne cultivaient pas 20.000 hectares.

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